L'ambassadeur de Luxeuil
Christophe Drouhet est boulanger à Luxeuil-les-Bains. Finaliste de La Meilleure Boulangerie de France, concours diffusé sur M6, il s'est incliné en finale après un parcours exemplaire où il fut un merveilleux ambassadeur du jambon de Luxeuil et du savoir-faire gastronomique de la région. Pour Cella, il revient sur son parcours, son savoir-faire et son amour du métier...
Qu’est-ce que vous a apporté ce concours ?
Une très belle notoriété. Cela permet d’avoir une activité soutenue de l’ordre de 40 à 50% de plus qu’habituellement. Le résultat c’est que nous allons embaucher une vendeuse et un ouvrier en plus. Mais rassurez-vous, je n’arrête pas de travailler !
Vos parents étaient boulangers. Vos grands-parents aussi. À quoi pensez-vous quand vous songez à eux ?
Je pense que les grands-parents seraient très fiers. Lors de leur arrivée à Luxeuil en 1958 on ne leur avait pas promis longtemps parce qu’ils venaient de la campagne et arrivaient à « la ville ». La toute petite boulangerie a bien grandi depuis !
Est-ce que le métier de boulanger est plus difficile aujourd’hui qu’avant ?
Je trouve que non. A partir du moment où l’on se démarque avec de la qualité, les choses ne peuvent que fonctionner. Ce qui prime — je pense — c’est de faire de la qualité et que de la qualité et de pas brader ses produits.
Qu’est-ce qui a changé pour vous ?
Le regard des gens autour de nous. Avant quand je passais dans le magasin peu de gens disaient bonjour. Disons que là, c’est différent !
Trois produits coup de cœur du pays de Luxeuil ?
Le jambon de Luxeuil c’est un produit exceptionnel ! Le jambon représente bien la ville et sa gastronomie. Le deuxième c’est le Kirsch de Fougerolles évidemment qui est un produit dont nous nous servons beaucoup en pâtisserie. Et le troisième… Ce n’est pas forcément un produit local mais c’est un produit que l’on trouve aussi ici et que j’adore travailler, c’est la rhubarbe !
Votre tourbillon au jambon de Luxeuil a eu un franc succès. Comment vous est venue l’idée ?
Le maire de la ville nous a sollicité pour mettre en avant dans une préparation le jambon de Luxeuil. Petit à petit nous sommes arrivés à ce résultat ! Nous faisions déjà de la confiture d’oignons au vin rouge. L’idée de ce pain focaccia est venue… et après plusieurs essais, le tourbillon était né !
Quel est le produit que vous préférez travailler ?
Le tourbillon même si j’adore tout faire ! Le tourbillon c’est spécifique à faire. Techniquement c’est difficile, il y a beaucoup d’étapes entre la confiture d’oignon et la pâte à focaccia, le passage au four pour qu’il soit parfaitement toasté… Et ça dégage des odeurs magnifiques !
Dans le métier vous êtes plutôt à l’ancienne ou modernité ?
Les anciens travaillaient beaucoup à l’instinct. Moi j’aime bien le matériel technique et moderne qui nous permet de faire du travail artisanal, sans se tuer le dos tout en étant hyper créatif.
Comment voyez-vous l’évolution du pain ?
Les gens se tournent vers des pains bien être. L’époque où l’on achetait une quantité est révolue. La question du gluten est de plus en plus présente et cela nous amène à évoluer aussi et à envisager de travailler avec des farines plus anciennes et moins riches en gluten comme la farine d’épeautre.
Quel est votre souhait pour la suite ?
Je n’étais pas hyper intéressé par le pain au début mais plutôt par la pâtisserie. Dans les dix à quinze ans à venir, pour ma fin de carrière, je veux travailler le pain à fond tout en restant très très artisan dans notre travail. Nous avons déjà deux boutiques, c’est bien assez. Nous n’allons pas changer de dimension. Nous voulons rester à taille humaine et artisanale, c’est le plus important.
Vous travaillez en couple. Est-ce que c’est difficile ?
Bien sûr que c’est difficile en couple. Il faut être un couple hyper solide. C’est ce que l’on a la chance d’être avec Cécile ! Pour nous les vacances et les jours de repos sont rares… Travailler en couple, c’est partager les emmerdes ensemble. Mais c’est aussi partager les plus grandes joies comme celle d’avoir participé à ce concours ! Même si c’est vrai qu’après, avec la meilleure boulangerie on a moins le droit à l’erreur !
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